Les shtstras (« écrits sacrés ») précisent la « définition » de Shiva : « Shiva est Mort-Connaissance-Lumière ». Or, selon l’initiation, qu’est donc l’Illumination ? C’est une mort initiatique qui est illumination omnisciente : la défaite de miîra la « mort » par la Mort initiatique qui donne naissance à un dvija, autrement dit un « deux fois né ». Toutes les initiations au monde, qu’elles soient de l’Inde ou d’ailleurs, comportent le rite de la mort avant l’Illumination. La mort initiatique correspond à une renaissance éclairée à la Vie-Une. Lorsque le « moi » disparaît, il n’y a plus de conscience séparatrice. C’est cette mort du « moi » qu’il s’agit d’atteindre avant la mort physique, pour goûter à l’Immortalité-Une (non séparée). La mort du « moi » est le secret fondamental de toutes les religions. Dans les Mystères orphiques, c’est de la mort du Christos que résulte immédiatement la résurrection du Christos. Toute initiation est la mort au nombre et la renaissance à l’unité par le zéro, le vide des formations et l’infini du Tout. Ce zéro est la matrice, la caverne, le temple, la coupe ou la femme. Il en découle une diversité apparente des formes d’initiation, mais elles ont toutes un même but : le retour à la conscience de la racine fonda-mentale qui réside dans la fusion avec l’unité (universelle) par une neutralité (zéro) indispensable à une objectivité absolue, hors des disparités de la manifestation.
Résoudre les problèmes avec nos médiums
Le mode initiatique est un rite précis qui frappe et dont on retient les formes sur lesquelles la vérité se fera jour, par la méditation qui suivra, selon l’habileté de l’aspirant, comme on l’a vu à travers les aspects virtuel et effectif. Au Tibet, certains de ces rites sont célébrés dans des grottes, ce qui concorde parfaitement avec le mantra du « Joyau dans le lotus » (Orli marji padmé Hicm). Cette caverne est, symboliquement, la matrice de la renaissance; elle a pour correspondance le taureau dans l’étable, le feu dans l’urne, l’enfant dans la matrice, l’ermite dans la cabane, le soleil dans la lune, la vie dans le corps, Dieu dans le temple, le sang dans le Graal, le tout dans le vide, le yang dans le yin, le lifigarn dans le yoni, l’être dans le devenir, le vin dans la coupe, l’immortel dans le mortel, etc. L’initié dans la caverne représente une seule vérité, comme le mentionne la Veda8 « La Vérité est Une que les Sages appellent par des noms multiples. » On ne peut pas devenir immortel (c’est une impossibilité dans le temps) mais, par la lumière des symboles (initiatiques), on peut arriver à reconnaître que nous le sommes et l’avons toujours été, de tout temps. Un disciple zen questionne son Maître :
- Comment échapper à la naissance et à la mort ?
- Quelle est l’utilité de leur échapper ? rétorqua le Maître.
- Mais comment les éviter ? insiste le disciple.
- Celui-là n’a ni naissance ni mort ! fut la réponse. »
Là où il n’y a plus de réelle initiation, où la Clef est perdue, où il ne reste plus qu’égoïsme et désir, là où les prêtres sont ignorants, il ne peut plus y avoir de religion si ce n’est une odeur de mort au sens ordinaire du terme. Le sensualisme matérialiste prend la place de la joie spirituelle, la complexité supplante la simplicité, l’artifice écrase la nature. Alors, les temples deviennent des tombeaux vides desquels les hommes s’écartent pour adorer leurs oeuvres de mort. L’illusion fait obstacle à la lumière. L’ange de Lumière’ est l’ange déchu : « Demon est Deus inversus ». C’est la chute de l’esprit dans la matière ou du spirituel dans le matériel. L’initiation confère à celui qui l’a comprise un sens de l’Unité qui lui permet de reconnaître que spirituel et matériel sont indissociables dans le Tout. Un pouvoir royal sans autorité sacerdotale est voué au déséquilibre que provoque toute carence ou tout excès. L’amour de la connaissance immuable est connaissance d’amour. Les peuples, sans amour pour l’Ultime, ne peu-vent que s’acharner sur la matière car c’est tout ce qui leur est donné à penser; mais ne pouvant y trouver l’illimité, la frustration en découle tôt ou tard. Contrairement à l’écureuil à qui l’on impose une cage, l’homme se construit ses propres limites et s’enferme. En opposition à cette vision des oeuvres limitées à la matière, on a le Soleil noir de l’initiation à l’image du Soleil de minuit des traditions orientales »’. Ce Soleil (cette antériorité de la Vie et de l’Amour indistincts dans la non-Mort, base suprême de toutes les formations) est celui de l’instant où se produit, dans le coeur, la conscience illuminée du Vide réalisateur, le Cela sans quoi rien ne serait. Sans négatif il n’y aurait pas de photo, sans soleil noir il n’y aurait pas de principe matriciel pour les formes, et sans forme il n’y a pas de vie. Les Sages, isolés au fond des forêts ou ailleurs, avaient su pénétrer le principe profond de la manifestation présente dans les transformations de l’Unique Conscience située au-delà du temps et de l’espace, Ce qui est dans ce qui Est, mais aussi ce qui, en apparence, devient. Ce Sanctuaire des sanctuaires, ce Saint des saints ou cette Vie des vies était adoré par les initiés, les foules qui les sui-vaient et en avaient une certaine compréhension.