Une stabilité sociale de plus de trois millénaires a permis à la Chine d’assimiler de nombreuses connaissances empruntées à d’autres civilisations, et de les fondre totalement dans sa propre tradition.
Cela apparaît dans les sciences du ciel chinoises, dont les emprunts aux Grecs, aux Perses et aux Indiens témoignent de l’existence de relations historiques et d’origines archaïques communes. Les traditions occidentales et indiennes prennent leur source dans les observations des anciens Égyptiens et des Chaldéens, relatives, notamment, au lever et au coucher héliaques (coïncidant avec ceux du Soleil) des étoiles et des planètes, et à l’écliptique (parcours annuel du Soleil au travers des constellations). Une métaphore de Confucius (5ème siècle av. J.-C.) résume le caractère spécifique de l’astronomie chinoise : a Celui qui gouverne au moyen de la vertu peut être comparé à l’étoile Polaire, qui reste à la même place, tandis que les autres étoiles tournent autour d’elle. »
L’astrologie et l’astronomie chinoises sont à la fois circumpolaires et équatoriales : elles observent les étoiles circumpolaires du nord (qui ne se couchent jamais sous les latitudes de la Chine), en particulier leur passage par le méridien cercle qui passe par le pôle et le zénith, c’est-à-dire le point situé au-dessus de l’observateur . Les 28 maisons de la Lune forment un système, ou hsiu, situé , comme cela a été établi, au cours du I » millénaire av. J.-C. Ce sont en effet des quartiers de ciel, rayonnant autour du pôle.
Cette division, fondée sur les positions équatoriales de la Lune, s’inspire de celle qu’on trouve dans l’astronomie babylonienne, antérieure à 1000 av. J.-C. Joseph Needham, dans son ouvrage monumental Science et civilisation en Chine (1959), montre que la forme ancienne de l’idéogramme de hsiu, représentant un abri fait de nattes tressées, propose une image séduisante de la conception que l’on se faisait des maisons lunaires à l’époque archaïque : « Ces segments de ciel étaient perçus comme des lieux N’ de repos temporaires du Soleil, de la Lune et des planètes, à la manière des maisons du thé placées au bord des routes d’ici-bas. » Les étoiles déterminant les mai-sons étaient choisies en fonction de leur ascension droite (position par rapport à l’équateur céleste), par rap-port aux lignes rayonnantes partant du pôle. Les positions des étoiles circumpolaires, en particulier de celles du Chariot, étaient ensuite mises en rap-port avec les positions équatoriales de la Lune ; ces étoiles étaient les demeures des chefs d’une bureaucratie céleste, qui surveillait très attentivement l’administration, terrestre celle-là, de l’empereur, le « Fils du Ciel ». Cette astronomie circumpolaire se prête à une division du ciel en cinq parties. Les 28 hsiu sont regroupés, par 7, dans 4 Palais équatoriaux — le Dragon vert, appelé aussi «Dragon bleu » (l’est et le prin-temps), l’Oiseau vermillon (le sud et l’été), le Tigre blanc (l’ouest et l’automne) et la Tortue noire (le nord et l’hiver).
Le ciel circumpolaire forme la cinquième région, le Palais central. Cette division met l’astronomie en harmonie avec le symbolisme des « cinq éléments », ou des « cinq agents », omniprésent dans l’occultisme chinois.