Le Mat
Traditionnellement cette lame ne comporte pas de numéro, on lui attribue donc la valeur zéro. Lorsque les Tarots sont disposés en cercle, elle est placée après la vingt et unième lame, et avant la première. Cette lame du Tarot représente un homme au regard halluciné, aux traits durs, errant dans un pré vert : le chemin de l’âme. Il porte sur la tête un turban voyant à rayures rouge foncé, vertes, jaunes et blanches ; ces bandes de couleur sont orientées dans le sens contraire de celui des aiguilles d’une montre. Elles symbolisent le tourbillon des sentiments (le vert) contrariés par des idées malsaines (le jaune), l’action inconstante (le rouge), qui détruisent l’essence spirituelle (le blanc).
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Son cou est enveloppé dans un gorgerin de mailles vertes figurant les idées que renferme la partie supérieure de l’être : ce sont les énergies qui ne sont pas utilisées. Dans sa main gauche, la psyché, le Fou tient un bâton qui est appuyé sur son épaule droite ; cela suggère l’influence de la psyché sur la raison. Ce bâton est bleu : il représente l’abstrait ; un baluchon marron y est accroché (les biens terrestres) noué d’un ruban rouge (l’action matérielle). Cette besace contient toutes les richesses inutiles lui appartenant, mais aux-quelles il tient. Sa main droite prend appui sur un bâton rouge symbolisant l’action tournée vers les forces négatives : c’est pour cela qu’il est incliné vers l’arrière.
Le Fou croit que ce bâton est un soutien, alors qu’en réalité c’est un poids mort qu’il traîne. porte un habit bariolé dont les différentes couleurs expriment toutes les incohérences qui l’habitent. Ses épaules sont couvertes d’un volant jaune évoquant le matérialisme dont il est pénétré. Les manches, bleues, correspondent à sa spiritualité illogique. Ses chaussettes tombantes découvrent ses fesses ainsi que ses cuisses et mettent ainsi en évidence ses bas instincts. Un lynx lui mord le mollet gauche, son inconscient ; cela symbolise ses instincts bestiaux, ses erreurs, son manque de discernement, qui le poussent vers la folie. Entre les jambes du Fou, on distingue une tulipe rouge presque fanée ; c’est la spiritualité potentielle caractérisant tout être et pouvant se développer à n’importe quel moment si elle est nourrie de la bonne énergie, la quintessence, symbolisée par les cinq feuilles.
Le Fou nous rappelle que l’homme vivant dans son monde d’illusions, s’attachant aux richesses matérielles et ne recherchant pas la spiritualité, gâche son existence. L’étincelle divine est pourtant présente en lui et n’attend que le moment propice pour l’aider à se transformer en Bateleur, la lame I. C’est la signification que l’on attribue à la lame 0 lorsqu’elle est placée devant le Bateleur. Quand, au contraire, cette lame du Fou est placée après la vingt et unième lame, elle symbolise le grave péché de présomption. Le Fou nous engage à ne pas sortir du monde intelligible. Le maître reste, malgré tout, un moyen divin, mais rien de plus. Les secrets de la création, les pensées de Dieu ne sont pas à la portée de l’esprit humain. Celui qui aspire à une vie plus spirituelle sombre dans la folie et disparaît dans le néant, symbolisé par le zéro. C’est un grave péché de présomption que de croire que l’on puisse c on naî-tre la pensée de Dieu.
Notre esprit est aussi minuscule que le chas d’une aiguille, tandis que Dieu est immense, incommensurable ; seule une infime partie de cette immensité peut être saisie par la pensée humaine ; l’homme a le devoir de combler son tout petit espace spirituel par l’essence divine, mais, lorsqu’il y est parvenu, il ne doit pas croire qu’il possède la connaissance totale de Dieu. C’est pour cette raison que le symbole de cette lame correspond au zéro.